Entrevue - Pierre & Le Loup selon Daniel Myssyk

Daniel Myssyk, chef d’orchestre d’Appassionata, livre ici ses impressions face à l’approche du concert de Pierre & le Loup en direct, où musique et cinéma s’entremêlent pour le bonheur des petits et des grands. Ce concert, qui s’inscrit dans la série jeunesse de l’orchestre de chambre Appassionata, sera présenté le 16 décembre 2013 à 19h, à la salle Oscar-Peterson.

Quel est le défi de ce spectacle pour le chef d’orchestre?

Le chef d’orchestre doit passer des heures à mémoriser les plans visuels afin de s’assurer que la musique soit parfaitement synchronisée avec les images. Il doit se faire ses propres repères visuels, car il ne peut compter sur un “click track” (une sorte de métronome) dont se servent généralement les chefs d’orchestre à Hollywood au moment d’enregistrer les bandes sonores de films.

Qu’est-ce qu’apporte de plus le film à la musique de Prokofiev ?

Je poserais la question à l’envers : qu’est-ce la musique apporte au film? Je crois qu’elle contribue à son côté plus lumineux. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la première mesure de la partition s’aligne avec l’apparition du premier rayon de soleil, après un début silencieux et plutôt sombre. Le film permet le développement d’une vraie dimension psychologique des personnages, sans que ceux-ci n’aient à prononcer un seul mot. Le ton de départ est plus actuel, très 21e siècle. D’une certaine manière, il y a une sorte d’opposition entre l’esprit de la musique, plutôt candide, et le ton du film.

Par quel animal seriez-vous représenté si vous faisiez partie du film?

Pierre. Après tout, nous sommes tous des animaux, n’est-ce pas? Qui ne se reconnaîtrait pas dans ce gamin qui aime bien tester les limites, voire transgresser les interdits? On fait tous ça enfant, on le fait davantage à l’adolescence et certains continuent de le faire une fois rendus à l’âge adulte.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir relié à Pierre & Le loup? Enfant, le connaissiez-vous?

Oui, bien sûr! J’ai rencontré Pierre la première fois lors d’une matinée scolaire que présentait l’OSM à la salle Wilfrid-Pelletier. La fin de l’histoire m’a toujours fasciné, avec ce pauvre canard qui se fait avaler tout rond, mais dont on sent encore la présence malgré ce changement d’habitat forcé…! Enfant, on vit remarquablement bien avec cette idée que le loup et le canard devront dorénavant faire vie commune. Quand on y pense bien, on n’est pas si loin de la vie in utero!

Le précédent spectacle jeunesse Le Carnaval des animaux mélangeait également les médiums artistiques. Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de mélanger les genres?

J’aime collaborer avec des artistes d’autres disciplines. J’aime observer comment s’établit leur rapport avec la musique en tant que non-musiciens, qu’ils soient auteurs ou illustrateurs. Pour ma part, en plus d’être un interprète, je suis davantage un idéateur qu’un créateur. Lorsque je tiens un concept et le juge assez mûr, j’approche le collaborateur et l’invite à partager son expertise et sa créativité. Pour le jeune public, le bénéfice de ces collaborations est évident : elles nous permettent de capter son attention sans relâche, en utilisant différents canaux d’expression.

Est-ce différent de donner un concert devant une salle remplie d’enfants?

L’énergie de la salle est différente, il y a toujours un léger bourdonnement… et puis c’est un public qui ne se gêne pas pour réagir, surtout s’il a été bien préparé au spectacle avant la sortie en salle à proprement parler.

 

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