Entrevue avec Geneviève Després, mezzo-soprano
La mezzo-soprano Geneviève Després est très appréciée sur les scènes canadiennes, américaines et européennes autant pour ses qualités vocales que théâtrales. Elle est l’invitée du concert Daniel Myssyk dirige la 41e de Mozart qui aura lieu le 29 octobre 2013 à la Salle Pierre-Mercure et dans lequel elle interprétera le poème lyrique II Tramonto de Respighi.
Que représente pour vous II Tramonto de Respighi ?
Il Tramonto, veut dire coucher de soleil en italien. C’est une oeuvre hautement romantique, écrite par un poète anglais de la fin du XIXème siècle. Une histoire où beauté de la nature, amour, drame et mort s’entrelacent. La musique de Respighi nous transmet de façon merveilleuse tous ces différents états. On entend les fleurs et la verdure exploser dans le soleil, la brume se lever, la nuit qui tombe avec le soleil qui disparait. On accompagne les deux jeunes amants dans leur nuit d’amour qui se termine au réveil sur l’amant mort dans les bras de la dame. On voit, des années plus tard, les veines rougissantes sur les mains d’une blancheur transparente de l’amante qui n’attend que sa mort à elle pour retrouver la paix.
Comment avez-vous découvert le chant?
On m’a toujours dit que j’avais une belle voix. J’étais celle qui chantait le plus fort dans les camps scouts et les spectacles de fin d’année. J’aimais aussi beaucoup le théâtre, à 20 ans, j’ai pris des cours de chant pour le plaisir. Mon professeur m’a dit que je pourrais aller étudier en chant. Je ne savais pas trop ce que ça impliquait, j’ai fait l’audition et suis entrée au Cegep en musique. Là, j’ai découvert la musique, son histoire, l’opéra et ça a été une vraie révélation.
Quelle est votre relation avec l’opéra?
Chanter l’opéra demande une technique et un contrôle du souffle très particuliers. Chaque personne possède un instrument unique qui est à l’intérieur de son corps. Je compare souvent la voix à des voitures, certains ont des petites sportives très agiles, moi j’ai un modèle un peu plus volumineux. Beaucoup de puissance mais pas si facile à manœuvrer. L’apprentissage a été long et parfois ardu. Par contre, cet instrument intérieur, qui est le reflet de nos émotions, m’a beaucoup appris sur moi-même. J’apprends encore à chaque fois que je travaille sur une oeuvre, pour pouvoir, par l’accentuation d’un mot, par une couleur vocale, par un phrasé, exprimer les sentiments contenus dans l’œuvre.
Avez-vous un rituel avant d’entrer en scène?
En coulisse, quand je regarde la scène sur laquelle je serai dans quelques secondes, intérieurement, je me branche sur le plaisir que me procure la musique, je dis merci à la vie de me permettre de partager avec les autres musiciens et les spectateurs ces moments évanescents de grâce.
Quel est votre artiste/compositeur favori et pourquoi?
En ce moment, c’est Respighi! J’ai tendance à tomber amoureuse de chaque œuvre que j’interprète. Elle devient au centre de mon quotidien, les harmonies particulières à chaque compositeur m’envahissent, les personnages et les textes me hantent, j’en rêve souvent la nuit!
Quelle autre forme d’art vous inspire particulièrement?
J’adore le cinéma, les gros plans, le jeu des acteurs subtil où un silence, un petit mouvement de sourcil, peut nous faire tout comprendre du dilemme intérieur du protagoniste. L’opposé de l’opéra!
Selon vous, quel est le rôle de la musique?
Toucher le cœur, faire vibrer, élever l’âme.
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