Bernard Landry

1 année, 6 mois ago 0
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J’ai accepté comme un devoir civique agréable de seconder les efforts de cette formation musicale extraordinaire qui s’appelle Appassionata. Pourquoi est-ce que je le fais avec conviction et enthousiasme? Parce que vous savez sans doute que René Lévesque m’a condamné à l’économie au cours des années 75 et que je l’ai fait avec enthousiasme et consacré l’essentiel de mes efforts à la création de la richesse au Québec et à sa répartition. Mais durant tout ce temps, je n’ai jamais pensé que l’économie était la valeur première d’une nation et cela vaut pour la nôtre comme pour toutes les autres. C’est la culture qui sauve, comme la culture a sauvé notre aventure nationale d’ailleurs. Plusieurs peuples et non pas les moindres ont perdu leur langue, comme les vaillants Irlandais ou Écossais. Nous avons gardé la nôtre, largement parce que nous avons cultivé notre culture de diverses manières et bien avant la Révolution tranquille. L’expression grande noirceur ne nous convient pas. Comment autant de lumière aurait pu jaillir de la simple noirceur?

Il y avait des profs, des écrivains, des peintres, des poètes… Saint-Denis Garneau n’a pas participé aux élections de 1960. Donc, déjà un très fort mouvement culturel animait notre créativité et notre solidarité. Et aujourd’hui, qu’est-ce qui nous sauve même matériellement : les industries les plus liées à l’activité intellectuelle, à la créativité. Je vous donne un seul exemple : il y a 6000 jeunes québécois et québécoises qui sont engagés dans l’industrie du jeu vidéo. Montréal domine cette discipline dans le monde parce que c’est lié à la culture, aux images, à l’imagination.

Alors, c’est pour cela que, non pas pour me sortir de mes obsessions économiques, j’ai toujours eu en même temps l’obsession culturelle. C’est pour cela que je veux vous faire ce message que supporter la culture est un devoir citoyen et, lié à la conjoncture présente, je veux ajouter un petit mot.

Vous savez qu’Haïti est le peuple matériellement le plus pauvre de la terre. Mais vous savez que ce qui sauve Haïti, c’est quand même sa culture. Ce qui est admirable, ce qui fait que nous aimons ce peuple que nous l’admirons et que nous sympathisons à ce point à ces malheurs, c’est parce qu’il a toujours été animé d’un esprit culturel rayonnant, malgré sa pauvreté. Un peuple matériellement riche et culturellement pauvre est un peuple pauvre. Le Québec a les deux: matériellement riche et culturellement riche. Tellement vrai, qu’il y a un prix Nobel de l’économie Joseph Stiglitz, qui a fait des travaux au cours de dernières années pour démontrer que le produit national brut n’est pas la façon de qualifier un peuple et son succès. Alors Stiglitz a proposé de nouveaux critères et dans les nouveaux critères, il y a la culture qui nous permettra de juger du succès d’une nation. Hommage à ceux contribuent à la culture, élément fantastique de bonheur humain.

Bonne soirée.

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